Gino Lelong et Franck Patte se retrouvent dans le coin du ring

Plus d’une centaine de combats à eux deux, plusieurs ceintures de champion de France, les deux anciens « pros » se retrouvent aujourd’hui de l’autre côté du ring

La salle Jacques Anthime résonne toujours du bruit de leurs frappes dans le sac ou lors des leçons prises avec Marcel Lefebvre, leur « maître ». En ouvrant la porte de cette salle qui a vu passer nombre de boxeurs et de champions, comme en attestent ses murs, l’odeur de la sueur témoigne des efforts des sportifs. Hier, ils étaient entre les cordes de deux rings à préparer leurs combats, leurs championnats de France, voire d’Europe. Désormais, Franck Patte et Gino Lelong se retrouvent dans le coin avec la veste sur le dos. Ils prodiguent leurs conseils et veillent à l’intégrité des jeunes boxeurs. Si Gino et Franck n’ont pas boxé en même temps sous les couleurs du Boxing Club Berckois, ils ont fait les beaux jours de l’écurie Lefebvre. Les amateurs du noble art n’ont certainement pas oublié leurs montées sur le ring et leurs victoires. Trente-cinq victoires pour le boxeur originaire de Frévent, trois titres de champion de France et un championnat d’Europe perdu contre Cardamone en 1994 à Vittoria, en Espagne.

Ce palmarès force le respect. Qui peut avoir oublié cette impressionnante victoire de Gino devant un certain Freddy Skouma, plusieurs fois champion d’Europe ? Personne. Arrivé au club en 1986, Gino Lelong sera le porte drapeau berckois jusqu’en 1994. En 2002, Franck Patte franchira la porte de cette fameuse salle. Il découvrira alors la méthode Lefebvre. « L’école berckoise », comme se plaisent à souligner les deux anciens champions. Pendant six ans, Franck Patte franchira les étapes une à une pour gagner son billet pour la finale du championnat de France « pros » des « légers ». Ce soir de novembre, tous les passionnés de boxe l’attendent. Au Palais des Sports de Berck, le ring est monté pour que Franck Patte tente de prendre la ceinture tricolore et ses six titres nationaux à un certain Jebahi .

Une soirée qui prendra une tournure inattendue. Franck s’en souvient comme si c’était hier : « Alors que je suis en pleine préparation de mon combat dans notre salle d’entraînement, Marcel est victime d’un malaise. Il est transféré à l’hôpital par les secours. Je dis alors à Gino : « Mets moi les gants » et je rentre dans le Palais. Je ne sais plus où je suis. Pendant trois rounds, sur le ring, je fais ce que je peux, la tête ailleurs. Au quatrième son arcade s’ouvre. » Et là commence un autre combat. « Plus rien ne pouvait m’arrêter. J’ai boxé pour Marcel. » La suite fut belle. Franck Patte fut déclaré champion de France. Et Marcel se relèvera de son accident cardiaque. Franck est encore ému quand il en parle. Peu de temps après, il rangera les gants. Il découvrira la vie professionnelle en qualité de commercial, puis de manager, et enfin de directeur de société. Jusqu’au jour où il poussera de nouveau la porte de cette salle qui, pour lui, « a une âme, une histoire ».Histoire de refaire un peu de sport. Son sport. Gino Lelong, qui a pris la suite de Marcel Lefebvre, l’accueillera à gants ouverts. Les deux hommes s’apprécient et se connaissent parfaitement. Naturellement, Gino, devenu entraîneur breveté d’État, demandera à Franck de lui donner un coup de mains dans le coin, lors des galas mais aussi à la salle pour encadrer les jeunes boxeurs.

Ni une ni deux, et voilà comment les deux anciens se retrouvent désormais de l’autre côté des cordes, dans le coin avec la serviette sur l’épaule au cas où... aussi paradoxal que cela puisse paraître, ils sont unanimes pour nous dire : « C’est plus dur d’être dans le coin que sur le ring, la pression est plus grande. Il faut être très attentif ! » Paroles de champions.

AUTEUR: Marc MOLIN

SOURCE: http://www.lasemainedansleboulonnais.fr/