Pas de Kean-Yoka en février

Simon Kean a enflammé les réseaux sociaux vendredi en lançant un défi à Tony Yoka, vedette montante sur la scène mondiale de la boxe.
Kean n’a pas choisi Yoka au hasard.

Les deux boxeurs se connaissent bien. Kean (22-1, 21 K.-O.) a battu Yoka (11-1, 9 K.-O.) aux Jeux olympiques de 2012, avant de passer chez les pros. Yoka a poursuivi sa route chez les amateurs, et il décroché la médaille d’or aux Jeux de 2016, ce qui lui a valu l’étiquette de super espoir chez les poids lourds.
Il est une grande vedette en France.
Mais il a perdu son aura d’invicibilité à son dernier combat en mai dernier. Après 11 victoires, il a été battu par Martin Bakole, qui a gagné par décision. Depuis, bien des fans français le critiquent. Il a pris une longue pause, il doit remonter sur le ring à la mi-février.

Son histoire ressemble d’ailleurs à Kean, lui aussi critiqué sévèrement par les amateurs de boxe au Québec depuis qu’il a subi un premier revers face à Dillon Carman en 2018. Kean a eu beau gagner ses quatre combats suivants, dont une revanche face à Carman, il est bien loin de faire l’unanimité.
Kean et Yoka ont donc besoin d’une victoire significative pour se remettre sur les rails. Ils parlent tous les deux la même langue, et il y a l’historique chez les amateurs qui peut faire vendre des billets. Les promoteurs étaient d’accords pour mettre sur pied le combat le 10 février.

«Yoka a le même promoteur que le dernier adversaire de Christian Mbili, on a discuté du projet et on s’est entendu sur un deal. Il ne manquait que l’approbation du réseau de télévision français. J’étais rendu à magasiner mes billets d’avion quand on m’a rappelé pour me dire que le réseau de télévision refusait le combat. En France, ce n’est pas comme ici, le réseau de télévision a ce pouvoir. Il a beaucoup investi en Yoka, il a son mot à dire. Ils ont orienté le promoteur vers un autre type d’adversaire», expliquait Camille Estephan, au courant depuis quelques jours déjà. D’ailleurs, son boxeur avait lui aussi été mis au parfum lorsqu’il a fait la vidéo vendredi. «Je ne peux lui en vouloir, Simon voulait ce combat. Il veut tester ses limites, et on pense aussi qu’il est rendu là. Simon est persuadé qu’il battrait Yoka à nouveau chez les pros. Le dossier était très avancé, je le comprends d’être déçu.»

Estephan précise que le combat pourrait néanmoins se matérialiser à moyen terme. D’ailleurs, le clan Yoka n’a toujours pas dévoilé d’adversaire pour le 10 février. Possible que le retour du champion olympique soit repoussé en mars.
Si le téléphone sonne, Estephan ne se fera pas prier longtemps.
Mais il n’attendra pas après les Français pour autant.
Kean va se préparer pour retourner sur le ring en mars au Casino de Montréal et si tout va bien, il aura la chance de se produire aux États-Unis sous l’égide de Top Rank par la suite.

«J’ai travaillé fort au gym ces derniers mois. Malheureusement, j’ai été blessé au dos, je n’ai pu me battre à Shawinigan en décembre mais là tout est rentré dans l’ordre et je veux que ça bouge. Yoka, c’était parfait. Je l’ai battu avec un seul bras aux Olympiques, ça m’aurait fait plaisir de me servir de mes deux mains pour le démolir chez les pros. Le réseau de télévision refuse le combat, je n’y peux rien. Je vais continuer de me préparer avec soin au gym, mais je veux que ça avance. Il est temps que ça avance.»
Au Casino en mars, ça pourrait être Eric Molina qui se retrouve sur son chemin. Estephan ne l’a pas confirmé lundi après-midi, mais Kean a un peu vendu la mèche sur les réseaux sociaux. Ce Molina (29-8, 21 K.-O.) est en fin de parcours, mais c’est un Américain qui s’est mesuré par le passé à la crème de sa division. C’est lui que Kean devait affronter à Shawinigan le 16 décembre. C’est un rival crédible pour un boxeur comme le Grizzly qui a besoin d’étoffer son tableau de chasse pour passer aux choses sérieuses.
AUTEUR : STEVE TURCOTTE